J’entends régulièrement de mes clients que « un salarié cadre n’a pas d’horaire et ne bénéficie pas des heures supplémentaires »
C’est complètement faux : aucune disposition du code du travail ne prévoit qu’un cadre est de facto privé du paiement des heures supplémentaires.
Par principe tout salarié est soumis à la durée légale du travail, à savoir 35 heures par semaine, et doit bénéficier du paiement des heures supplémentaires, y compris s’il est cadre.
Ce n’est que lorsqu’un salarié dispose d’une certaine autonomie dans l’organisation de la durée du travail qu’il peut être privé du paiement des heures supplémentaires. L’hypothèse la plus courante pour les cadres est la conclusion d’une convention de forfait annuel en jours qui nécessite de remplir les conditions suivantes :
Un accord d’entreprise ou un accord de branche prévoyant les modalités de mise en œuvre d’une convention de forfait en jours doit exister. Pour l’essentiel cet accord doit :
Le salarié doit signer une convention de forfait en jours, généralement intégrée dans son contrat de travail initial.
Or, ces conventions de forfait en jours font très régulièrement l’objet d’abus ou de défauts d’application de la part des employeurs, les situations les plus courantes étant les suivantes :
Chacun des abus mentionnés ci-dessus est sanctionné par l’inopposabilité de la convention de forfait en jours et le retour rétroactif à un mode de décompte du temps de travail sur une base de 35 heures hebdomadaires.
Or, en pratique, la plupart des entreprises sont en infraction d’au moins l’une des règles rappelée ci-dessus.
Cette sanction a des conséquences en chaîne considérables puisque le salarié pourra demander le paiement rétroactif, sur les 3 dernières années :
Dans les cas les plus extrêmes où l’abus de l’employeur est particulièrement caractérisé, le salarié pourra également solliciter :
Pour les salariés, la démonstration du préjudice et des heures supplémentaires implique de rassembler de très nombreuses preuves (relevés de badges, emails, relevés de parking, SMS, journal d’appel, horaires de modification des documents, attestations de témoins…) qu’il faut compiler dans un tableau de rappel de salaires.
Les règles de décompte du temps du travail étant particulièrement complexe il est très fortement recommandé de recourir à un avocat exerçant en droit du travail pour compiler les éléments de preuve.
Pour les entreprises, les sanctions rappelées ci-dessus sont extrêmement lourdes et peuvent même menacer la pérennité de l’activité économique en cas de contentieux de masse. Les entreprises ont donc elles aussi intérêts à se conformer scrupuleusement aux règles relatives à la convention de forfait en jours et à solliciter l’aide d’un avocat pour se faire.